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Paris, le mardi 6 février 2024 – L’Irdes publie la deuxième édition de son atlas des variations des pratiques médicales. Celui-ci se penche sur le taux de recours à onze opérations chirurgicales selon les régions.


Chaque région française connait ses particularités, traditions et fiertés locales. Mais si l’on a plutôt tendance à différencier nos régions selon leur gastronomie, leur accent ou plus anciennement leur patois, l’Institut de recherche et de documentation en économie de santé (Irdes) préfère les distinguer selon leur taux de recours à la pose d’une prothèse de hanche après une fracture ou à la chirurgie de la cataracte. Huit ans après la première édition, l’Irdes vient en effet de publier son deuxième « Atlas des variations des pratiques médicales ».


Plus de prothèses de hanche (par habitant) en Lozère qu’en Guadeloupe


Les statisticiens se sont penchés sur le taux de recours à onze interventions chirurgicales* en 2019 (dernière année pour lesquels les statistiques ne sont pas biaisés par l’épidémie de Covid-19). Ils sont ainsi pu mesurer l’évolution du taux de recours par rapport aux chiffres de 2014 et évaluer les disparités régionales. L’objectif est d’«interroger les causes et les pertinences » de ces différences et d’« inciter les professionnels de santé à comparer et à questionner leurs pratiques, entre eux et avec les institutionnels et les usagers du système de santé, afin de partager la notion de variation des pratiques médicales » explique l’Irdes. Les statisticiens ont affiné leurs recherches en examinant trois indicateurs de la « qualité » des soins : le taux de chirurgie ambulatoire, l’utilisation des protocoles de récupération améliorée après chirurgie (Raac) et le taux de réadmission à 30 jours.


Concernant la pose d’une prothèse de hanche après une fracture, considéré par les statisticiens de l’Irdes comme l’opération de référence, le nombre d’opérations s’est accru de 9 % entre 2014 et 2019. Une augmentation qui correspond au vieillissement de la population, le taux de recours standardisé (prenant en compte l’âge des habitants) ayant quant à lui légèrement diminué, passant de 56 hospitalisations pour 100 000 habitants à 54 entre 2014 et 2019. La variation départementale est relativement faible, avec tout de même près de trois fois plus d’opération de prothèse de hanche par habitant dans la Lozère qu’en Guadeloupe. Depuis 2014, les taux de réadmission à 30 jours (entre 12 et 13 %) et à 90 jours (entre 22 et 23,5 %) après une opération de prothèse de hanche sont restés relativement stables.


Près d’1 million d’opérations de la cataracte par an


L’Atlas nous apprend également que la chirurgie de la cataracte est à la fois l’opération la plus fréquente (920 000 en 2019, + 20 % par rapport à 2014) et celle présentant les disparités régionales les plus importantes. Le taux d’opération par habitant est ainsi deux fois plus important dans le Cher qu’en Martinique. Si 95 % des opérations de la cataracte se font en ambulatoire, on note également sur ce point des disparités régionales, le taux de chirurgie ambulatoire variant de 86 % dans le Morbihan à 99 % en Haute Corse. L’Atlas rappelle que la France est le pays européen ayant le plus recours à la chirurgie de la cataracte.


Les différentes statistiques compilées par l’Irdes doivent, espèrent les statisticiens, amener les professionnels de santé à s’interroger sur la pertinence du recours à certaines interventions chirurgicales dont l’utilité peut être discutable dans certaines conditions (comme la césarienne ou la pose de stents coronaires en l’absence d’infarctus). En 2016, lors de la parution du premier Atlas, la Fédération hospitalière de France (FHF) avait interrogé les médecins qui estimaient que 20 % environ des actes médicaux réalisés étaient inutiles. 
On peut peut-être regretter que ces données statistiques, délivrées sans explications détaillées, puissent conduire à des conclusions contre productives sur l’intérêt de certains actes médicaux. Mais peut-être était-ce le but recherché ?


*Les onze opérations étudiées sont : la prothèse de hanche après fracture, la prothèse du genou, les chirurgies du syndrome du canal carpien, l’amygdalectomie, la pose de stent coronaire, la chirurgie bariatrique, la cholécystectomie, la césarienne, l’hystérectomie et la chirurgie de la tumeur bénigne de la prostate
 

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