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DT2 : une espérance de vie réduite avec un diagnostic précoce

La prévalence du diabète de type 2 à l’échelon mondial ne cesse d’augmenter sous l’influence de facteurs comportementaux et sociétaux qui ont un rapport étroit avec l’obésité, la nutrition et l’activité physique. Au bas mot, en 2021, la maladie a touché 537 millions d’adultes dans le monde, son diagnostic étant posé chez des patients de plus en plus jeunes. Selon des estimations qui mériteraient d’être actualisées, il semble que l’espérance de vie en cas de diabète de type 2 (DT2) soit diminuée de six années par rapport à la population générale. Il s’agit cependant d’une estimation moyenne qui ne tient pas compte de l’âge auquel la maladie a été diagnostiquée, une notion qui échappe à la plupart des études de cohortes dont la puissance statistique est souvent insuffisante pour aboutir à des chiffres fiables. Par ailleurs, la maladie est en règle caractérisée de manière binaire (présente/absente). 

97 études prospectives, 1 515 718 participants

Une étude portant sur les données individuelles de 1   515   718 participants (soit un suivi de 23,1 millions de sujets-années) permet d’en savoir plus sur les relations entre l’âge au moment du diagnostic de DT2 et la mortalité, tant globale que spécifique (liée à la maladie). Ce sont 97 études de cohorte prospectives menées à long terme dans seize pays à haut revenu qui ont été réunies à cette fin, l’immense majorité d’entre elles (96/97) provenant du projet étatsunien et européen dit ERFC (Emerging Risk Factors Collaboration), la dernière de l’UK Biobank, une autre base de données alimentée par 22 centres britanniques.

Le suivi a débuté entre 1961 et 2007 dans les cohortes de l’ERFC pour se terminer entre 1980 et 2013, cependant que, dans la cohorte britannique, l’intervalle correspondant se situe entre 2006 et 2013. Le risque de décès toutes causes confondues a été estimé sous la forme d’un hazard ratio ajusté en fonction de l’âge et du sexe. Les taux de survie cumulés ont été calculés en appliquant ces HR propres à chaque âge aux taux de mortalité correspondants depuis 2015 aux Etats-Unis comme au sein de l’Union Européenne. 

Chaque décennie en moins au moment du diagnostic est associée à 3 à 4 ans d’espérance de vie en moins 

Chez les diabétiques, une association dose-réponse linéaire entre un âge plus précoce au moment du diagnostic et un risque plus élevé de mortalité toutes causes confondues a été établie, comparativement aux participants non diabétiques. En cas de diagnostic de diabète de type 2 posé entre 30 et 39 ans, le risque correspondant, le HR ajusté, est estimé à 2,69 [IC 95 % 2,43-2,97]. Dans les tranches d’âge supérieures, respectivement 40-49 ans, 50-59 ans, 60-59 ans et >70 ans, les valeurs correspondantes du HRa sont de : 2,26 [2,08-2,45], 1,84 [1,72-1,97], 1,57 [1,47-1,67] et 1,39 [1,29-1,51]. Des valeurs similaires ont été obtenues dans les deux sexes.

En se référant aux taux de mortalité des États-Unis, un patient diabétique âgé de 50 ans risque de décéder 14 ans plus tôt qu’un non diabétique quand la maladie a été diagnostiquée à l’âge de 30 ans. L’espérance de vie est raccourcie de 10 ans quand la maladie est diagnostiquée à l’âge de 40 ans et de seulement 6 ans quand le diagnostic est posé à l’âge de 50 ans. Si l’on se réfère aux taux de mortalité de l’Union Européenne, les valeurs correspondantes quant à la diminution de l’espérance de vie sont respectivement de 13, 9 et 5 ans.

Cette vaste étude multi-cohortes qui porte sur un effectif impressionnant met en exergue l’influence de l’âge au moment du diagnostic de diabète de type 2 sur l’espérance de vie. De fait, chaque décennie de moins à ce moment raccourcit cette dernière de 3 à 4 ans, une notion importante alors que le diabète de type 2 frappe des sujets de plus en plus jeunes. A 30 ans au moment du diagnostic, l’espérance de vie à 50 ans semble raccourcie de 14 ans. Il importe, à la lueur de ces résultats, de mettre en œuvre tous les moyens autorisés pour retarder l’apparition de la maladie chez les patients à haut risque du fait d’une obésité, d’un surpoids ou d’une sédentarité extrême, à titre d’exemples. La correction stricte des facteurs de risque cardiovasculaire une fois le diagnostic de diabète de type 2 posé s’impose à l’évidence, le pronostic vital étant d’autant plus engagé que le patient est jeune.


References

Emerging Risk Factors Collaboration. Life expectancy associated with different ages at diagnosis of type 2 diabetes in high-income countries: 23 million person-years of observation. Lancet Diabetes Endocrinol. 2023 Oct;11(10):731-742. doi: 10.1016/S2213-8587(23)00223-1.


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