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Echec de la mirtazapine dans la dyspnée réfractaire de la BPCO et de la fibrose pulmonaire

Dans une présentation orale au cours d’une session consacrée aux résultats des essais thérapeutiques dans les pathologies respiratoires lors du congrès de l’European Respiratory Society (ERS) 2024, la Pr I. Higginson (Londres) a présenté les résultats de l'essai international multicentrique randomisé BETTER-B qui évaluait les effets de la mirtazapine (MZP, Norset®) dans la dyspnée réfractaire des patients atteints de BPCO ou de fibrose interstitielle diffuse (FID) (1). 

La MZP est un antidépresseur largement utilisé et certains signaux, émanant notamment de sa prescription en pratique clinique, ont fait envisager que la molécule pouvait avoir un effet spécifique sur la dyspnée réfractaire des malades atteints de maladies respiratoires chroniques invalidantes. 

L’essai BETTER-B a permis de randomiser 225 malades (56 % atteints de BPCO, 44 % de FID) : 113 participants recevaient la MZP a des doses variant de 15 mg à 45 mg, et 112 malades recevaient le placebo, le reste du traitement de fond n’étant pas modifié. L’essai thérapeutique a duré 56 jours, les malades étant suivis pendant une durée totale de 180 jours.

La dyspnée a été évalué à 6 reprises par une échelle numérique spécifique variant de 0 (absence de symptôme) à 10 (pire dyspnée ressentie) ainsi que par des questionnaires de qualité de vie et le questionnaire anxiété-dépression (résultats non présentés lors de la session). Des données qualitatives ont aussi été enregistrées auprès des malades et des aidants et professionnels de santé (2). 

La dyspnée était majeure dans la cohorte, de stade mMRC 3 (66 %) à 4 (34 %) et 16 % des participants prenaient des substances opioïdes. Une bonne partie des malades ont interrompu l'essai prématurément (32 % dans le groupe MZP, 25 % dans le groupe placebo, différence non significative). Sur l'échelle de dyspnée au jour 56, la valeur déclarée dans le groupe recevant la MZP était de 6,4 contre 6,3 dans le groupe placebo (différence non significative). 

Il y avait davantage d'effets secondaires liés à la MZP qu’au placebo : 64 % contre 40 % (p = 0,002), principalement sécheresse buccale, somnolence et fatigue. Les besoins de soins complémentaires étaient aussi plus élevés dans le groupe MZP que dans le groupe placebo qu'il s'agisse d'hospitalisations, de consultations non programmées ou du nombre d'heures consacrées par les professionnels de santé aux soins palliatifs (2). Le Pr Higginson admet enfin que la puissance de l'essai a probablement été insuffisante du fait de difficultés d'inclusion dans l'essai qui s'est déroulé pendant la pandémie Covid-19. 

En conclusion, l’oratrice confirme avec un indice de confiance de 95 %, que la MZP à des doses comprises entre 15 et 45 mg est inefficace sur la dyspnée réfractaire des malades atteints de BPCO ou de FID. Elle ajoute aussi que l'utilisation de cette molécule est responsable d'effets secondaires et augmente le besoin en ressources thérapeutiques supplémentaires. Ce protocole aux résultats incontestablement négatifs confirme le besoin en essais cliniques rigoureux pour cette situation pathologique très pénible.


References

  1. Higginson I. Mirtazapine to alleviate severe breathlessness in patients with COPD or ILD: an international, multicentre, double-blind, randomised, placebo-controlled, phase 3 mixed-method trial (BETTER-B). Présentation n° 3721, Congrès ERS 2024, 7 au 11 septembre 2024, Vienne.
  2. Higginson IJ, et al. Mirtazapine to alleviate severe breathlessness in patients with COPD or interstitial lung diseases (BETTER-B): an international, multicentre, double-blind, randomised, placebo-controlled, phase 3 mixed-method trial. Lancet Respir Med. 2024 Sep 6:S2213-2600(24)00187-5. doi: 10.1016/S2213-2600(24)00187-5.

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