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Elections américaines : l’avortement au cœur des débats

Atlanta – Lors du premier débat télévisé de l’élection présidentielle américaine, Joe Biden et Donald Trump ont longuement échangé sur l’avortement.

Il n’y a pas que les Français qui sont face à une élection décisive en cette année 2024. Dans un peu plus de quatre mois, plus de 240 millions d’électeurs américains seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants, sénateurs et surtout leur président. Ce jeudi soir, pour la première fois dans cette campagne présidentielle, les deux principaux candidats, le président Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump, se sont affrontés lors d’un débat télévisé organisé par la chaine CNN à Atlanta et ce alors que les deux hommes sont au coude-à-coude dans les sondages.

Deux ans presque jour pour jour après la décision controversée de la Cour Suprême des Etats-Unis d’annuler la jurisprudence Roe v. Wade qui consacrait le droit à l’avortement ce qui a eu pour conséquence de redonner aux Etats toute liberté de légiférer sur cette question, la question de l’IVG a sans surprise était au cœur du débat. 

Biden veut rétablir le droit à l’avortement, Trump défend le droit des Etats

« C’est une chose terrible que vous avez faite » a lancé le président démocrate à son prédécesseur républicain. C’est en effet parce que Donald Trump a nommé, durant ses quatre années à la Maison Blanche, trois juges conservateurs à la Cour Suprême que la jurisprudence a pu être modifiée. Il s’est d’ailleurs dit fier de son action, qui a permis de redonner aux Etats la main sur la question de l’avortement.

« C’est ce que tout le monde voulait, beaucoup de présidents ont essayé de le faire et j’y suis arrivé » s’est défendu le milliardaire, qui compte beaucoup sur la mobilisation des chrétiens conservateurs pour revenir à la Maison Blanche en janvier prochain.

Le président Joe Biden a indiqué qu’en cas de réélection, il restaurerait le droit à l’avortement au niveau fédéral, mais il n’a pas précisé par quel moyen et surtout dans quelles limites serait encadré ce droit. Une imprécision exploitée par Donald Trump qui, comme à son habitude, n’a pas hésité à verser dans l’outrance et a accusé les démocrates de vouloir autoriser l’avortement « jusqu’à huit, neuf mois de grossesse et même après la naissance ».

Conscient qu’une majorité des électeurs est favorable au droit à l’avortement, le candidat républicain a tout de même tempéré sa position, indiquant qu’il était favorable à l’IVG en cas de viol, d’inceste, ou de danger pour la vie de la mère et qu’il s’opposerait à une loi interdisant l’avortement au niveau fédéral. Il a également dit soutenir la récente décision de la Cour Suprême qui a refusé de restreindre l’accès à la mifépristone, la pilule abortive principalement utilisée aux Etats-Unis.

Depuis le revirement de jurisprudence de la Cour Suprême il y a deux ans, ce sont quatorze Etats qui ont interdit l’avortement et trois qui l’ont fortement limité. Le Texas est sans doute l’Etat le plus strict dans ce domaine : l’avortement y est en théorie puni de 99 ans de prison et n’est légal qu’en cas de danger pour la vie de la mère. Aucune exception n’est accordée en cas de viol, d’inceste ou même si l’enfant n’est pas viable. 

La santé de Joe Biden inquiète les électeurs

Une législation extrêmement sévère qui a des conséquences particulièrement dramatiques : selon une étude publiée dans le JAMA ce lundi, la mortalité infantile a augmenté de 12,7 % au Texas, contre seulement 1,8 % dans le reste des Etats-Unis. Les décès de nourrissons atteints d’anomalies congénitales notamment ont progressé de 22,9 %, alors qu’ils ont baissé de 3,1 % dans le reste du pays. Cette étude ne couvre que la période 2021-2022, durant laquelle l’avortement était encore autorisé jusqu’à six semaines et la situation s’est donc sans doute encore dégradée depuis l’interdiction totale de l’avortement.

Le 5 novembre prochain, en parallèle des élections présidentielle et législatives, de nombreux référendums auront également lieu dans plusieurs Etats au sujet de l’avortement. En attendant, la bataille entre les pro-choix et les pro-vie continue dans les tribunaux. Ce jeudi, la Cour Suprême a autorisé les hôpitaux financés par l’Etat fédéral à pratiquer des avortements dès lors que le médecin juge qu’il en va de l’intérêt de la mère, y compris dans les Etats interdisant l’avortement.

Lors de ce premier débat télévisé, l’avortement n’a pas été le seul sujet médical abordé par les candidats. Il a également été grande question de la santé…des candidats. Agé de 81 ans, Joe Biden, le plus vieux président des Etats-Unis de l’histoire, est apparu très fatigué et a semblé plusieurs fois perdre le fil de sa pensée.

Son adversaire, âgé tout de même de 78 ans, lui a donc demandé de passer un « test cognitif », affirmant de son côté qu’il avait passé des tests cognitifs et physiques et qu’il était « en très bonne forme ». Discussion qui a ensuite dérivé sur le niveau des deux candidats…au golf. Comme quoi, ceux qui se plaignent du niveau des débats politiques en France devraient regarder ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique. 

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