Kansas City – Un patient a été contaminé par le virus de la grippe aviaire sans contact connu avec un animal infecté. Depuis, six cas contacts ont présenté des symptômes compatibles avec une contamination par la grippe aviaire.
C’est un véritable mystère médical auxquels sont confrontées les équipes du centre américain de contrôle des épidémies (CDC) depuis le début du mois de septembre et plus particulièrement les chercheurs basés dans l’Etat du Missouri, dans le Midwest américain. Un mystère qui pourrait peut-être marquer le début d’une épidémie et transformer en réalité l’une des plus grandes craintes des virologues du monde entier : que le virus de la grippe aviaire H5N1, particulièrement contagieux et mortel, ne mute pour devenir transmissible entre humains.
Rappelons que depuis mars dernier, les Etats-Unis sont confrontés à une épidémie de grippe aviaire d’un genre inédit. En effet, le virus ne se transmet pas parmi les volailles d’élevage, comme c’est habituellement le cas, mais parmi les vaches, qui n’étaient pourtant pour le moment pas connues comme des vecteurs potentiels du virus. L’inquiétude est montée d’un cran le 1er avril dernier lorsque, pour la première fois, un cas de contamination d’un humain par le virus de la grippe aviaire via une vache a été détecté au Texas. Depuis, ce sont au total treize fermiers entrés en contact avec des vaches contaminées qui ont été infectés par le virus H5N1.
Six potentiels cas contacts du « patient du Missouri »
Mais depuis quelques semaines, c’est à un cas de grippe aviaire survenu dans le Missouri que les autorités américaines s’intéressent. Il s’agit d’un patient d’une soixantaine d’années, hospitalisé à la fin du mois d’août pour un syndrome grippal et depuis complètement rétabli. Le 6 septembre dernier, le CDC a confirmé que le patient avait été testé positif à un virus de la grippe aviaire de type hémagglutinine 5 (H5) mais que le type de protéine neuramidase (N) n’avait pas pu être déterminé. Particularité de ce patient : aucun contact avec un animal infecté par le virus n’a pu être retrouvé.
Serait-il possible que ce patient ait été contaminé par un autre être humain, marquant le premier cas de contamination interhumaine de la grippe aviaire ? Pour le moment, le CDC ne semble pas privilégier cette hypothèse et rappelle qu’il est déjà arrivé par le passé que des cas humains soient rapportés sans que l’on puisse déterminer avec précision l’origine de leur contamination.
Mais depuis que ce cas intrigant a été rendu public, de nouveaux faits sont venus étayer l’hypothèse d’une contamination interhumaine voir même d’une épidémie. Le CDC a en effet indiqué ces derniers jours que sept personnes ayant côtoyé le patient du Missouri, dont six professionnels de santé qui l’ont pris en charge et un de ses proches, ont présenté des symptômes compatibles avec une infection par le virus aviaire H5N1.
Une gestion très laxiste de l’épidémie
Parmi ceux-ci, un seul a subi un test PCR pour le virus H5N1, qui s’est révélé négatif. Les autres possibles cas contacts n’ont pas réalisé de test PCR et ne présentent plus de symptômes. Le CDC a indiqué ce vendredi que ces cas suspects allaient faire l’objet de tests sérologiques, afin de détecter s’ils présentent des anticorps contre un virus de type H5.
Alors que les spéculations vont bon train dans le monde scientifique, le CDC rappelle pour le moment qu’aucun des cas contacts du patient du Missouri n’a été testé positif au virus H5N1. Même si l’un de ces cas suspects était testé positif, l’explication la plus probable resterait une source animale de contamination commune estime le CDC et non une contamination interhumaine.
Quel que soit le résultat de ces tests sérologiques et la source de ce possible cluster de grippe aviaire, cette affaire illustre les faiblesses de la gestion de cette épidémie de grippe aviaire par les autorités américaines. Le gouvernement fédéral a simplement imposé des tests obligatoires pour le transport d’animaux inter-Etats. Pour le reste, il s’est contenté d’émettre des recommandations et les Etats sont libres d’imposer les règles sanitaires qu’ils jugent adéquates. Certains Etats, désireux de ne pas entraver l’élevage local, se montre particulièrement laxistes, n’imposant ni confinement des bêtes contaminées, ni tests obligatoires des animaux et des fermiers.
De nombreux experts estiment que le nombre de tests réalisés est insuffisant et qu’il est en l’état impossible de connaitre l’ampleur de l’épidémie, que ce soit chez les animaux ou les humains. Le virus continue quant à lui de circuler : la Californie, principal producteur de lait aux Etats-Unis, a détecté ses premiers cas de vaches contaminées au début du mois.