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Etats-Unis : Harris-Waltz, un bon cocktail pour la santé des Américains ?

Washington – La candidate démocrate à la présidentielle américaine Kamala Harris et son colistier Tim Waltz entendent faire de l’accès aux soins l’un des principaux thèmes de leur campagne.

Après un faux départ, la course à la Maison Blanche peut enfin commencer. Si l’équipe républicaine, composée de l’ancien président Donald Trump et du sénateur de l’Ohio James David Vance est connue depuis bien longtemps, l’équipe démocrate a elle connu un remplacement de dernière minute. Après le forfait du président Joe Biden, c’est bien la vice-présidente Kamala Harris qui portera les espoirs du camp démocrate. Ce lundi, l’ancienne sénatrice de Californie a choisi son colistier qui sera candidat au poste de vice-président, le méconnu gouverneur du Minnesota Tim Waltz.

Comme dans toute bonne campagne électorale, chaque camp tentera d’imposer ses thèmes de prédilection, ceux sur lesquels ses positions sont partagées par l’opinion publique. Si Donald Trump axera sa campagne sur l’immigration et la sécurité, c’est le thème de la santé que le camp démocrate tentera d’imposer durant ces trois prochains mois. Les sondages indiquent que l’accès aux soins est considéré comme un thème majeur par 57 % des Américains (contre seulement 51 % pour l’immigration) et que la majorité de la population américaine partage les positions progressistes de Kamala Harris sur la question.

L’avortement, toujours une pomme de discorde aux Etats-Unis

Deux ans après la décision controversée de la Cour Suprême sur la question, qui a permis à 14 Etats américains d’interdire l’avortement et à quatre autres de limiter ce droit très fortement, l’IVG devrait ainsi être un des enjeux clés de l’élection américaine. Si, de son propre aveu, Joe Biden a toujours été quelque peu gêné par la question en tant que fervent catholique, Kamala Harris n’a quant à elle jamais caché être une fervente supportrice du droit à l’avortement. En mars dernier, elle était ainsi devenue le premier membre de l’exécutif fédéral à visiter une clinique pratiquant des avortements.

« Je vais continuer de me battre pour nos droits fondamentaux et rassembler tous les Américains qui pensent que chaque femme a le droit de prendre ses propres décisions concernant son corps sans interférence du gouvernement » a déclaré la candidate à la présidence. Si elle devient le 20 janvier prochain la première femme présidente des Etats-Unis, elle entend notamment faire appliquer une législation qui prévoit que les hôpitaux soient obligés de pratiquer des avortements en cas de danger pour la santé de la mère, même dans les Etats qui l’interdisent.

Elle tentera également de faire de nouveau changer la jurisprudence la Cour Suprême en nommant des juges progressistes. Sur ce sujet, elle trouvera en son colistier Tim Waltz un allié de poids : en 2023, il a promulgué plusieurs lois garantissant le droit à l’avortement dans le Minnesota.

Bientôt un partisan de la légalisation du cannabis à la vice-présidence ?

Durant la campagne, Harris tentera également de capitaliser sur les succès de l’administration Biden concernant les prix des médicaments. Dans un pays où ces prix ont longtemps été fixés librement par l’industrie pharmaceutique, le gouvernement fédéral a réussi à progressivement imposer sa loi ces dernières années. Washington s’est notamment assuré que les diabétiques bénéficiant du programme Medicare, destiné aux plus pauvres et personnes âgées, ne payent pas plus de 35 dollars par moi pour leur dose d’insuline. « Kamala Harris va certainement faire campagne sur ce qu’elle a accompli concernant la baisse des prix des médicaments » prédit Mariana Socal, professeur à l’université John Hopkins.

D’autres sujets sanitaires devraient en revanche être abordés de manière plus prudente par le camp démocrate. Si, en tant que gouverneur du Minnesota, Tim Waltz a fait voter une loi légalisant la consommation de cannabis, Kamala Harris ne devrait a priori pas aller jusqu’à défendre une légalisation au niveau fédéral et devrait se contenter de promouvoir une réduction des peines pour les consommateurs de drogue.

Il est peu probable également que la candidate démocrate aille jusqu’à défendre la mise en place d’une couverture santé universelle (système qui existe pourtant dans la quasi-totalité des pays occidentaux dans le monde), bien qu’elle ait pu défendre un tel dispositif par le passé. Elle devrait là aussi se contenter de militer pour un renforcement du système « Obamacare », qui aide les Américains à bénéficier d’assurances privées.

Rappelons cependant que sur les questions de santé comme sur toutes les autres, Kamala Harris n’aura pas les mains libres si elle accède à la Maison Blanche. Les contre-pouvoirs sont nombreux de l’autre coté de l’Atlantique et elle devra notamment composer avec le Congrès, les Etats et la Cour Suprême.

Faire campagne sur la santé semble en tous les cas une stratégie gagnante pour Kamala Harris (pour le moment du moins), qui ne cesse de monter dans les sondages depuis le début de sa campagne. En face, les républicains sont bien obligés de mettre de l’eau dans leur vin et d’adoucir leurs positions : Donald Trump se dit désormais opposé à une interdiction fédérale de l’avortement et prêt à combattre le lobby pharmaceutique pour faire baisser les prix des médicaments.

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