Paris – Selon les derniers chiffres de la Drees, le nombre de lits d’hospitalisation a une nouvelle fois diminué en 2023, tandis que celui des places a augmenté, notamment grâce à la croissance d’alternative à l’hospitalisation classique.
Qu’il semble loin le temps, en pleine crise sanitaire, où les Français avaient les yeux rivés sur le nombre de patients et de lits disponibles dans les services de réanimation, bien conscient que ces chiffres allaient déterminer lesquels de leurs libertés seraient suspendus pour freiner l’épidémie de Covid-19. Le nombre de lits d’hospitalisation, en réanimation et en général, ne fait plus la une de l’actualité.
C’est comme chaque année la Drees, le service des statistiques du ministère de la Santé, qui s’est chargé de compiler les statistiques sur les capacités de prises en charge hospitalière. Selon son dernier rapport publié ce jeudi (un rapport provisoire qui pourrait être amendé d’ici la fin de l’année tient-il à rappeler), la France comptait, en 2023, 2 962 établissements de santé (1 329 hôpitaux publics, 656 établissements privés à but non lucratif et 977 cliniques privées). Un nombre en baisse de 0,5 % sur un an et de 5,1 % en dix ans, « sous l’effet des réorganisations et des restructurations » indique la Drees sans plus de précision.
Plus de 43 500 lits d’hôpitaux fermés en dix ans
S’agissant du nombre de lits d’hôpitaux, il continue sa tendance à la baisse. Près de 4 900 lits ont été fermés en 2023, soit une baisse de 1,3 % sur un an. La diminution est moins importante qu’en 2022 (- 1,8 %) mais plus rapide que durant les années précédant la crise sanitaire (- 0,9 % par an en moyenne). La promesse formulée par l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau à l’automne dernier d’augmenter le nombre de lits d’hospitalisation n’a donc pas été tenue.
Cette évolution s’inscrit dans une longue tendance: plus de 43 500 lits d’hôpitaux ont été fermés depuis 2013, soit 10,5 % de moins en dix ans. Ceci « reflète la réorganisation de l’offre de soins hospitaliers dans un contexte de virage ambulatoire, mais aussi de contraintes de personnel, ne permettant pas de maintenir les lits » explique la Drees. La baisse du nombre de lits affecte particulièrement la psychiatrie publique, qui a perdu 1 300 lits en 2023, soit une baisse de 4,2 % sur un an.
Paradoxe apparent, si le nombre de lits diminue, celui des places d’hospitalisation est lui en forte augmentation : 4,1 % de places supplémentaires en 2023, une progression plus rapide que les années précédentes (3,4 % en 2021 et 3,1 % en 2022). Ceci s’explique par « des innovations médicales » qui ont permis le développement d’ « alternatives à l’hospitalisation complète ». La Drees indique ainsi que le nombre de places en hospitalisation partielle (+ 4,1 %) et en hospitalisation à domicile (+ 4,1 %) ont fortement augmenté en 2023 : l’hospitalisation à domicile représente désormais 7,7 % des capacités d’hospitalisation de court et moyen séjour, contre seulement 2,1 % en 2006.
A peine plus de lits de réanimation qu’avant la pandémie
S’agissant ainsi des fameux lits de soins critiques, sur qui tous les regards étaient rivés lors de la crise sanitaire, leur nombre continue de diminuer depuis la fin de la pandémie : on en comptait 19 500 fin 2023, soit 1 % de moins qu’en 2022 et 0,3 % de moins qu’avant la crise sanitaire. Rappelons que les lits de soins critiques sont constitués des lits de réanimation, de soins intensifs et de surveillance continue.
Après avoir bondi de 14,5 % en 2020 pour faire face à l’afflux de patients atteints de Covid-19, le nombre de lits de réanimation n’a lui cessé de refluer, pour atteindre 5 600 en 2023, soit 3,2 % de plus seulement qu’avant la pandémie. En mars 2022, le Dr Olivier Véran, alors ministre de la Santé, avait promis une hausse de 20 % du nombre lits de réanimation d’ici 2025 par rapport à leur niveau d’avant pandémie.
Ces chiffres sont publiés alors que l’Assemblée Nationale examine le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2025. Ce budget ne prévoit une hausse du budget de l’hôpital que de 3,1 %, là où la Fédération Hospitalière de France (FHF) demandait un surplus de 6 %. Pour protester contre ce budget qu’ils qualifient d’austérité, quatre syndicats de la fonction publique hospitalière ont déposé ce lundi un préavis de grève courant du 4 novembre au 21 décembre prochain. Ces nouveaux chiffres sur les fermetures de lits devraient donner encore un peu de grain au moudre aux détracteurs du PLFSS.