Paris - La DREES vient de publier son panorama des établissements de santé basé sur des chiffres arrêtés au 31 décembre 2022. Si certaines données peuvent apparaître rassurantes sur le temps long, on observe les stigmates d’une crise profonde et récente avec la désaffection des personnels infirmiers et l’effondrement des finances des hôpitaux publics.
Une tendance lourde : fermeture d’établissements, baisse du nombre de lits
Au 31 décembre 2022, la France compte 2 976 structures hospitalières disposant de capacités d’accueil en hospitalisation complète (comptées en lits) ou partielle (comptées en places), services de santé des armées (SSA) compris. Au total, elles offrent une capacité d’accueil de 374 300 lits et 85 000 places. Ces établissements sont regroupés en 136 GHT (groupements hospitaliers de territoire).
On observe, sur une période de 10 ans, ce que beaucoup de soignants pressentent dans leur exercice quotidien : une diminution du nombre d’établissements et de lits. Tout secteur confondu (public, privé à but lucratif et privé à but non lucratif), on constate la fermeture de près de 150 établissements et de 40 000 lits.
Pire, sur un temps plus long, ce sont près de 80 000 lits qui ont été fermés en 20 ans. En revanche, le nombre de « places », correspondant à la montée en charge de l’hospitalisation de jour et de la chirurgie ambulatoire a lui augmenté de 18 000 unités.
Personnel : les infirmières ne répondent plus
Cette diminution du nombre de lits coïncide paradoxalement avec une forte augmentation des effectifs médicaux et infirmiers. Entre fin 2003 et 2022, le nombre de personnel médical (médecins, pharmaciens, odontologues, sage-femmes, internes et FFI) est passé de 101 975 à 144 617.
Une progression qui s’est poursuivie la dernière année de l’étude (2022) avec + 1,8 % en 2022. En revanche, symbole de la crise de ces dernières années encore accentuée par la Covid, si les effectifs d’infirmiers ont augmenté de 20 % entre 2003 et 2013, ils ont stagné depuis et même baissé de 2 % depuis 2020 malgré une augmentation des rémunérations de 5 % de ces professionnels depuis la crise sanitaire pour s’établir à 2 634 € nets mensuel en moyenne (vs 6 224 € pour les médecins).
Bérézina financière
Du côté des finances, c’est une véritable Bérézina. En 2022 et 2023, la situation financière des hôpitaux publics s’est fortement dégradée avec un déficit de 1,7 milliard d’euros en 2023 et 1,3 milliards d’euros en 2022 contre 0,8 milliards d’euros avant la crise sanitaire.
Dans ce contexte, le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet s’inquiète de l’instabilité gouvernementale. Dans une interview accordée à l’AFP il prévient « si nous n'avons pas de gouvernement, pas d'interlocuteur, une Assemblée morcelée en trois blocs, on risque d'avoir à reconduire le PLFSS de 2024, ce qui serait très dommageable pour l'ensemble du système de santé. (…) Il faut que le président de la République, au-delà des contingences politiques nomme un gouvernement capable de travailler le plus rapidement possible ».
Il a aussi appelé à nommer un ministre de la Santé « de plein exercice », et non un ministre délégué, la Santé devant « être une priorité de l’État".