Malgré les graves conséquences de la démence et sa prévalence en augmentation, les options thérapeutiques restent très limitées. Actuellement, les données plaident plutôt pour la maitrise des facteurs de risque modifiables, parmi lesquels le diabète de type 2. Celui-ci est en effet associé à une augmentation de 60 % du risque de démence, qu’il s’agisse de maladie d’Alzheimer ou de démence vasculaire.
Les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose de type 2 (SGLT2) constituent une nouvelle classe d’antidiabétiques oraux. Ils agissent en inhibant la réabsorption du glucose et du sodium au niveau du tube contourné proximal. Des essais randomisés ont montré que, indépendamment de leur effet hypoglycémiant, ils exerçaient une protection cardio-rénale.
Plus récemment, il a été suggéré qu’ils avaient aussi un effet de neuroprotection. Une réduction du risque de démence a été mise en évidence, supérieure à celle constatée avec les inhibiteurs de la dipeptidyl-peptidase 4 (DPP-4), autre anti-diabétique, chez les personnes âgées de plus de 66 ans.
Une cohorte de plus de 110 000 diabétiques de type 2
Une vaste étude de cohorte a été réalisée récemment incluant plus de 110 000 patients âgés de 40 à 69 ans, initiant un traitement par un inhibiteur du SGLT-2 et comparés à autant de patients nouvellement traités par un inhibiteur du DPP-4. Le critère de jugement principal était la survenue d’une démence.
Après un suivi moyen de 670 jours, les données montrent que dans cette population, l’utilisation d’un inhibiteur SGLT-2 est associé à une réduction de 35 % du risque de démence, en comparaison avec le traitement par inhibiteur du DPP-4 (HR 0,65 ; 95 % CI 0,58 à 0,73). Ce résultat s’applique à tous les types de démence (maladie d’Alzheimer ou démence vasculaire) et pour les différents sous-groupes (âge, sexe, association ou non avec la metformine, état vasculaire antérieur, etc.). L’effet se renforce au fil des ans au-delà de 2 ans de traitement.
Notons que cette étude est de type observationnel, ce qui ne permet pas d’éliminer totalement le risque de facteurs confondants résiduels qui peuvent être à l’origine d’une surestimation de l’effet. Des essais randomisés contrôlés sont donc nécessaires pour confirmer les données.
References
Shin A, Koo BK, Lee JY, Kang EH. Risk of dementia after initiation of sodium-glucose cotransporter-2 inhibitors versus dipeptidyl peptidase-4 inhibitors in adults aged 40-69 years with type 2 diabetes: population based cohort study. BMJ. 2024 Aug 28;386:e079475. doi: 10.1136/bmj-2024-079475. Erratum in: BMJ. 2024 Sep 2;386:q1911. doi: 10.1136/bmj.q1911.