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Italie : les violences contre les soignants en forte hausse

Rome – Des milliers de soignants, médecins comme infirmiers, ont manifesté le mois dernier en Italie contre les violences en milieu médical, un phénomène qui s’amplifie ces dernières années.

Insultes, coups… Les violences contre les soignants n’en finissent plus de l’autre côté des Alpes. Le mois dernier, une cinquantaine de personnes ont même assiégé un service de chirurgie à l’hôpital Riuniti de Foggia (Pouilles), plus grand centre hospitalier de la région, à la suite du décès d'une jeune femme. Les soignants de tout le pays, excédés, ont manifesté leur colère et appelé le gouvernement à résoudre la pénurie de soignants qui frappe l'Italie, comme de nombreux autres pays européens.

16 000 agressions en un an

16 000 agressions ont été recensées en 2023 selon le ministère de la Santé, qui a lancé un observatoire de la violence en milieu médical en 2022. Depuis 2019, les agressions auraient par ailleurs augmenté de 38 % selon une étude publiée le mois dernier par l’Association des médecins d’origine étrangère en Italie (AMSI). Cependant, faute de plaintes ou de signalements systématiques, les données sont difficiles à établir. 

En tout état de cause, les incidents se multiplient dans la presse. Des agressions sont recensées partout dans le pays, à Turin (Piémont), à Vibo Valentia (Calabre), à Campobasso (Molise)… « On est dans une situation dramatique, les violences sont devenues quotidiennes », abonde Pierino di Silverio, secrétaire général d’Anaao-Assomed, un syndicat de médecins italien.

Aussi, les praticiens tirent la sonnette d’alarme. Près de 500 soignants étaient par exemple réunis le 16 septembre devant l’hôpital Riuniti, pour faire part de leur colère. La situation serait particulièrement critique pour les soignantes. « Les femmes sont beaucoup plus souvent prises pour cible et perçues comme le maillon faible d’une équipe », indique à nos confrères du Monde l’étudiante en médecine Elena Cocozza, en stage à l’hôpital Riuniti de Foggia. Les infirmières sont, en particulier, souvent visées. 

Plus de policiers, mais toujours pas assez de soignants

Pour l’heure, la réponse du gouvernement de Giorgia Meloni s’est contentée d’être purement sécuritaire. Le ministre de la Santé Orazio Schillaci a ainsi récemment rappelé que le nombre de policiers dans les hôpitaux avait augmenté depuis l’année dernière, et il a même promis de renforcer la vidéosurveillance. Un sénateur du mouvement Fratelli d’Italia a, de son côté, proposé des mesures d’éloignement contre les individus dangereux, à la manière des ultras interdits de fréquenter les stades de football. 

Mais ces solutions peinent à convaincre les soignants. « Nous manifestons non pas pour qu’on envoie l’armée à l’hôpital, mais pour qu’on déploie les activités de l’hôpital sur tout le territoire », soupire le Dr Gaetano Serviddio, directeur du service de médecine interne à Foggia, interrogé par nos confrères de France Info. « L’urgence, c’est l’absence de personnel, les listes d’attente interminables pour les patients », explique de son côté Pierino di Silverio. 

En effet, selon la Cour des comptes italienne, il manque 65 000 infirmières en Italie, et le phénomène pourrait s’aggraver. Selon l’AMSI, près de 800 demandes de mutation à l’étranger ont été reçues en à peine un mois cet été ! Un problème majeur dans ce pays où la moyenne d’âge des médecins est de 55 ans… Autant dire que la réponse purement sécuritaire apportée par le gouvernement de Giorgio Meloni ne suffira pas à résoudre entièrement la question.

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