Depuis quelques années peu de nouvelles propositions pharmacologiques dans le traitement de fond de la BPCO ont abouti. Une voie thérapeutique passant par l'inhibition des phosphodiestérases a fait long feu : le roflumilast, inhibiteur de la phosphodiestérase de type 4 (PDE4) connu depuis plus de 10 ans n'a pas pu s’implanter. L'ensifentrine (ENS) est une nouvelle molécule inhibant les phosphodiestérases de type 3 et 4 à la fois, à double effet bronchodilatateur et anti-inflammatoire non stéroïdien.
Ensifentrine en nébulisations versus placebo
Franssen et coll. ont présenté au congrès de l’European Respiratory Society (ERS) 2024, les résultats d’une partie de l'étude ENHANCE. Il s'agit de 2 programmes multicentriques randomisés menés auprès de malades atteints de BPCO dont le VEMS était compris entre 30 % et 70 % de la valeur prédite. Le traitement de fond habituel n'était pas modifié et la molécule testée (ENS) était administrée à la dose de 3 mg en nébulisation 2 fois par 24 heures et son effet comparé à celui du placebo selon un rapport 5/3.
L'essai durait 24 semaines avec comparaison régulière de la spirométrie, des questionnaires de dyspnée et de qualité de vie et du taux d'exacerbation pendant la durée du protocole, sachant qu'à priori un recul de 24 semaines est court pour rendre compte d'une efficacité significative d'une molécule sur ce critère.
Les résultats présentés sont ceux du volet européen du projet : 914 malades inclus (589 recevant la molécule, 325 le placebo). À la 12ème semaine l'écart de VEMS était de 152 ml entre les sujets traités par l’ENS (+220 ml) et ceux traités par le placebo (68 ml, p < 0,05). Le nadir de valeur du VEMS (1 heure avant la prise matinale du traitement) était aussi amélioré en comparaison du placebo : +11 ml contre -31 ml (p < 0,05).
Le score TDI évaluant la dyspnée était significativement amélioré chez les sujets recevant l’ENS versus le placebo : +2,4 contre +1,3. Le questionnaire respiratoire de Saint-Georges (SGRQ) à 24 semaines n'était cependant pas amélioré significativement selon la même comparaison : en moyenne -5,9 points contre -4,8 points (une diminution de 4 points de la valeur du SGRQ est considérée comme significative d'une amélioration).
Avec les limites considérées plus haut le taux d'exacerbation à 24 semaines était réduit de 45 % chez les sujets recevant l’ENS comparés à ceux recevant le placebo : rapport de risque de 0,55 (intervalle de confiance à 95 % 0,36 à 0,84 ; p < 0,05). L’ENS n'a pas n'a pas provoqué d'effet secondaire particulier.
Les auteurs concluent que l’ensifentrine a des résultats favorables sur la fonction respiratoire, la qualité de vie et le risque d'exacerbation de BPCO avec peu de risques d'effets secondaires, ceci par un nouveau mécanisme physiopathologique associant une bronchodilatation et un effet anti-inflammatoire non stéroïdien. Il faut toutefois signaler que l'effet positif sur la survenue d'exacerbation de BPCO doit être confirmé sur un plus long terme et que la molécule, pour être véritablement utile dans un traitement de fond de la BPCO, devrait plutôt être administrée par aérosol doseur que par nébulisation.
References
Franssen FME, et al. Efficacy and safety of ensifentrine in European patients with moderate to severe COPD: pooled results from the ENHANCE trials. Présentation n° 2995, Congrès ERS 2024, 7 au 11 septembre 2024, Vienne.