Les progrès thérapeutiques ont révolutionné la prise en charge et le pronostic du myélome multiple, permettant aux patients de vivre beaucoup plus longtemps.
Les nouveaux outils de surveillance des patients atteints de myélome multiple ont été l'un des sujets les plus importants lors de la clôture du congrès de l’European Hematology Associationqui s’est tenu à Madrid du 13 au 16 juin 2024. Bruno Paiva, spécialiste de la cytométrie de flux au sein du laboratoire dédié au myélome de la Clínica Universidad de Navarre, a été invité à participer à la session présidentielle du congrès. Comme il l'a expliqué dans son exposé, les progrès thérapeutiques réalisés ont révolutionné les perspectives d'avenir du myélome multiple, et les patients vivent désormais beaucoup plus longtemps.
« Les réponses au traitement sont bien meilleures, avec des rémissions profondes, d'où la nécessité d'outils de suivi à long terme. Le point de départ du suivi est la protéine monoclonale sécrétée par la cellule tumorale du myélome, qui peut être mesurée dans le sérum et les urines. La rémission complète est définie lorsque ce composant monoclonal n'est pas détecté par les techniques de laboratoire de routine, telles que l'immunofixation », a-t-il expliqué en introduction.
Des traitements individualisés
Même si le patient est en rémission complète, une maladie résiduelle minime (MRD) est parfois détectée. En effet, le myélome infiltre la moelle osseuse, ce qui peut être observé dans un prélèvement de moelle osseuse à l'aide de techniques de détection de la maladie résiduelle minimale, telles que la cytométrie ou le séquençage massif de nouvelle génération. « La présence de cette maladie résiduelle minime est associée à une forte réduction de la survie », averti le docteur Bruno Paiva.
Outre ces examens biologiques, on utilise également le PET-scan, un examen d'imagerie qu'il considère comme « très utile pour voir la maladie à l'intérieur et à l'extérieur de la moelle osseuse ».
« Pour ce qui est de l'avenir, la FDA vient d'approuver le fait de cibler la maladie résiduelle minime parmi les objectifs des essais cliniques. Cela pourrait permettre d’obtenir des résultats plus rapidement plutôt que d'attendre les données de survie, qui prennent beaucoup plus de temps à établir », précise-t-il.
Par ailleurs, les essais cliniques commencent à utiliser la maladie résiduelle minime - et ces techniques - pour individualiser le traitement des patients atteints de myélome. « En outre, comme certaines de ces techniques sont invasives – notamment le prélèvement de moelle osseuse- nous essayons de nous concentrer sur le sang périphérique. D’une manière générale, notre objectif premier est de rendre le suivi peu invasif, beaucoup plus confortable pour le patient et ainsi plus instructif, car il peut être effectué plus fréquemment », a-t-il ajouté.
Des travaux uniques en Espagne et sans doute en Europe
Très honoré d’être invité à la session présidentielle du congrès, Bruno Paiva a considéré qu’il s’agissait non seulement d’une reconnaissance personnelle mais surtout pour deux groupes : le sien au sein de la Clínica Universidad de Navarra et celui du Spanish Myeloma Group, « l'un des plus puissants au monde en matière de recherche clinique et translationnelle dans ce domaine ».
Bruno Paiva a détaillé les travaux futurs de son équipe : « Notre laboratoire est surtout connu pour la cytométrie de flux et nous lançons le projet NoMoreMGUS, le plus important jamais déployé en Espagne (et peut-être en Europe) dans le domaine de la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS). Il s'agit d’un état précancéreux, précurseur du myélome : nous envisageons d'étudier 5 000 patients en Espagne une fois par an, pendant cinq ans, ce qui signifie l'analyse de 25 000 échantillons ».
D'autre part, a-t-il poursuivi : « Nous appliquons certains de ces développements à d'autres hémopathies, tels que la leucémie lymphoblastique aiguë. Nous souhaitons utiliser tout le potentiel de la cytométrie non seulement pour mesurer les cellules tumorales, mais aussi pour la caractérisation du système immunitaire, qui constitue un autre biomarqueur important dans la pathogenèse de la maladie. Et, par exemple, pour prédire les infections, ce qui est très important pour les patients atteints de myélome ».
Cet article a d’abord été publié sur le site El Médico Interactivo, qui appartient au groupe Medscape. Il a été traduit en utilisant plusieurs outils éditoriaux, y compris l'IA, dans le cadre du processus. Le contenu a été revu par la rédaction avant publication.
References
Presidential Symposium: Innovative Tools for Disease Monitoring in Multiple Myeloma.Communication de Bruno Pavia, Congrès de l’EHA, 13 au 16 juin 2024, Madrid