JIM.FR Logo

PLFSS 2025 : vers une cure d’austérité ?

Paris – Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, le premier de la nouvelle législature, doit être présenté dans les prochains jours. Le monde de la santé craint une cure d’austérité.

Les choses sérieuses commencent pour Michel Barnier et son nouveau gouvernement. Après avoir formé son équipe, nommée le 21 septembre dernier, le nouveau Premier Ministre va devoir composer avec une Assemblée Nationale au sein de laquelle il ne dispose d’aucune majorité et qui reprend ses activités ce mardi. S’il passe l’écueil de la motion de censure (ce qui est le plus probable), il aura deux missions difficiles à remplir d’ici la fin de l’année : faire adopter les projets de loi de finance (PLF) et de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS).

Le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a assuré que le PLFSS pour l’année 2025 sera présenté le 9 octobre prochain. Depuis sa nomination surprise le 5 septembre dernier, Michel Barnier l’a dit et répété : il hérite de comptes publics particulièrement obérés. La dette correspond à 112 % du PIB national. Le déficit, évalué à 5,6 % du PIB en 2024, pourrait atteindre les 6,2 % en 2025. Evalué à 10,5 milliards d’euros en début d’année, le déficit de la Sécurité Sociale pour 2024 devrait quant à lui en réalité plutôt dépasser les 16,6 milliards d’euros. 

Michel Barnier semble vouloir opter pour l’austérité

Depuis plusieurs années, la droite s’est posée en garant du sérieux budgétaire. Maintenant qu’elle se trouve (miraculeusement) au pouvoir, fera-t-elle le choix de l’austérité pour la Sécurité Sociale et ce alors que notre système de santé semble manquer cruellement de moyens ? Tout en défendant l’importance de l’hôpital public, le chef du gouvernement a fait des déclarations qui semblent aller dans le sens d’une réduction des dépenses lors de sa visite à l’hôpital Necker à Paris le 7 septembre dernier. L’ancien commissaire européen a en effet déclaré qu’il y avait « des économies à faire » et qu’il fallait « faire des progrès dans l’efficacité de la dépense publique ».

Des déclarations qui ont plus qu’inquiété le monde de la santé, qui ne veut évidemment pas d’une cure d’austérité mais plaide au contraire pour une hausse des dépenses publiques pour le monde médical. Le 4 septembre dernier, la Fédération hospitalière de France (FHF) avait ainsi demandé une rallonge budgétaire de 2,4 milliards d’euros pour les hôpitaux en 2024 et une hausse du budget hospitalier de 6,3 milliards en 2025.

Les acteurs du monde de la santé montent donc désormais au créneau pour s’opposer à toute éventuelle cure d’austérité. Dans une interview accordée à La Tribune ce dimanche, le directeur de l’AP-HP Nicolas Revel met en garde contre « la politique du coup de rabot » et sur l’idée qu’il serait possible de « faire plus avec moins ». « N’oublions pas les leçons du Covid et de la crise hospitalière qui s’est ensuivie » plaide l’ancien énarque, qui fut lui-même un temps pressenti pour être ministre de la Santé.

« Bien sûr, l’hôpital doit devenir plus performant, mais pas en le fragilisant au moment où il commence à se redresser » poursuit le directeur de l’AP-HP, qui estime que c’est en renforçant la prévention que l’on parviendra in fine à faire des économies. Nicolas Revel a également profité de cette interview pour défendre le maintien de l’aide médicale d’Etat (AME), qu’une partie de la droite souhaite supprimer.

Le Dr Yannick Neuder s’oppose à tout « coup de rabot »

Même inquiétude et avertissement du côté de l’Académie de Médecine. Dans un communiqué publié mardi dernier, les sages mettent en garde contre toute « réduction du financement de la recherche publique qui est un investissement essentiel » et « non une variable d’ajustement des déficits publics ». Les académiciens plaident au contraire pour une augmentation des dotations à la recherche, alors que la France connait selon eux « un déclassement dans ce domaine et un affaiblissement dans l’innovation ». 

Même au sein de la « majorité », une éventuelle baisse du financement de la santé fait grincer des dents. Rapporteur du PLFSS 2025, le Dr Yannick Neuder s’est dit opposé à tout « coup de rabot sans réforme structurelle ». Le député LR et cardiologue estime qu’il est possible de faire des économies via une meilleure organisation du parcours de soins et un renforcement de la prévention, sans que les « économies ne se fassent sur le dos des Français » et ne se traduisent par « des renoncements de soins ».

Il faudra donc attendre le 9 octobre prochain pour connaitre l’orientation choisie par Michel Barnier et ses équipes quant aux dépenses de santé. Mais contrairement aux années précédentes, le gouvernement n’aura pas totalement la main sur le PLFSS, ne pourra pas empêcher l’adoption de certains amendements par l’opposition et devra manier l’arme du 49.3 avec parcimonie. Avec un scénario catastrophe : celui de la non-adoption du PLFSS, jamais arrivée depuis 1996.

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE

D'AUTRES ACTUALITÉS