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La pollution lumineuse, possible facteur de risque de maladie d’Alzheimer

De nombreuses communes françaises luttent désormais contre la pollution lumineuse. Elles avancent des arguments économiques, écologiques, mais elles peuvent aussi se prévaloir d’objectifs de santé publique. Car les études ont montré que la pollution lumineuse peut avoir des effets négatifs sur la santé, et serait en lien avec des troubles du sommeil, l’anxiété, ou encore des troubles dépressifs. Une nouvelle étude récemment publiée a, quant à elle, étudié le lien entre la pollution lumineuse et la maladie d’Alzheimer. 

L’étude a comparé les expositions à différentes intensités lumineuses nocturnes et la survenue d’une maladie d’Alzheimer. Elle est menée sur les données de 48 états américains, entre 2012 et 2018, pour lesquels l’intensité lumineuse nocturne moyenne était répertoriée, ainsi que sur la prévalence de la maladie d’Alzheimer, fournie par Medicare. 

Une étude dans les 48 états américains

L’analyse des données révèle des différences statistiquement significatives de la prévalence de la maladie d’Alzheimer selon les différents états, les états ayant l’intensité lumineuse la plus élevée pendant la nuit étant ceux où la prévalence de la maladie d’Alzheimer est aussi la plus élevée. Le lien est présent pour l’ensemble de la période considérée, et pour chaque année examinée séparément, et quel que soit l’âge des personnes, le sexe, et l’origine ethnique. Il est retrouvé tant au niveau des états que des comtés. 

Un facteur comme d’autres ?

Les auteurs notent que l’intensité lumineuse nocturne moyenne présente un lien plus fort avec la maladie d’Alzheimer que ce qui est constaté pour d’autres facteurs de risque, comme l’abus d’alcool, l’insuffisance rénale chronique, la dépression, l’insuffisance cardiaque ou l’obésité. Cependant, d'autres covariables étaient plus fortement associées à la maladie d'Alzheimer que l'intensité lumineuse, notamment la fibrillation auriculaire, le diabète, l'hyperlipidémie, l'hypertension et l'accident vasculaire cérébral.

Cependant, pour les personnes de moins de 65 ans, l'intensité lumineuse moyenne était associée à la prévalence de la MA même en prenant en compte toutes les covariables suggérant que ces personnes pourraient être particulièrement sensibles aux effets de l’exposition à la lumière la nuit.

La pollution lumineuse pourrait donc être impliquée dans le développement ou la progression de la démence et des maladies neurodégénératives, autant que d’autres facteurs suspectés, comme l’allongement de la durée de vie, l’émergence de pathologies liées au mode de vie comme l’obésité, le diabète et de nombreux facteurs environnementaux relatifs à l’urbanisation et l’industrialisation. 

Plusieurs explications sont évoquées par les auteurs. La relation pourrait être établie par l’intermédiaire de perturbations du rythme circadien en lien avec la pollution lumineuse. Il pourrait s’agir aussi d’un phénomène biochimique de sécrétion d’une cytokine pro-inflammatoire : il a été démontré que l’exposition de souris à un excès de lumière est à l’origine de la production d’interleukine 1β (IL-1β), elle-même associée à la maladie d’Alzheimer.


References

Voigt RM, Ouyang B, Keshavarzian A. Outdoor Nighttime Light Exposure (Light Pollution) is Associated with Alzheimer's Disease. medRxiv [Preprint]. 2024 Feb 15:2024.02.14.24302831. doi: 10.1101/2024.02.14.24302831. 


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