Le désir d’éclaircissement du teint, très largement répandu parmi les populations non caucasiennes, est à l’origine de beaucoup de complications, notamment du fait de l’utilisation de produits contenant des corticoïdes, de l’hydroquinone à forte dose, voire du mercure. Pour se documenter sur ce marché largement illégal mais évalué à des centaines de millions de dollars ou euros, les personnes intéressées avaient à leur disposition les commerces non médicaux, les marchés traditionnels… Aujourd’hui elles ont les réseaux sociaux, notamment YouTube, gigantesque plate-forme de vidéos dont 4 milliards de pages sont consultées quotidiennement.
Les auteurs, spécialistes nord-américains de santé publique, ont analysé les 100 vidéos les plus populaires de YouTube au sujet de l’éclaircissement du teint. Après avoir exclu 4 vidéos émanant de professionnels de santé, dont on imagine qu’elles étaient correctes, leur étude porte sur 96 vidéos, qui au total ont été vues 82 millions de fois. Vingt et une avaient été créées et mises en ligne par des consommateurs, 45 provenaient de sites Internet et 30 d’émissions de télévision. Les auteurs s’attachent surtout à analyser les différences en fonction de ces origines. La durée des vidéos allait de moins d’une minute à 32 minutes. Seulement 14 % d’entre elles mentionnaient de possibles dangers pour la santé, et 26 % faisaient état d’utilisations par des célébrités ; 48 % des vidéos cherchaient à vendre un produit, tandis que 46 % étaient centrées sur des dépigmentants à faire soi-même. Les conseils d’utilisation sont variables.
Comme pour d’autres problèmes de santé, on peut donc conclure que les professionnels, et en l’occurrence les dermatologues, doivent investir les réseaux sociaux pour fournir aux consommateurs qui y cherchent des conseils médicaux des informations de qualité, et ne pas laisser ce média très utilisé aux seuls « non-professionnels ».
References
Basch CH, Brown AA, Fullwood MD, Clark A, Fung IC, Yin J. YouTube as a source of information on skin bleaching: a content analysis. Clin Exp Dermatol., 2018; 43: 399-403