Paris, le mardi 15 octobre 2024 – Une nouvelle étude, parue dans le BMJ, établit un lien entre les précipitations extrêmes et le risque accru de décès, toutes causes confondues.
On le sait, le changement climatique rend de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves les précipitations. Plusieurs études ont déjà confirmé un lien entre ces précipitations parfois extrêmes et divers effets néfastes sur la santé, dont la transmission de maladies infectieuses.
En revanche, le lien avec les maladies cardiovasculaires et respiratoires est resté peu étudié. C’est pourquoi une équipe de chercheurs, qui a publié ses résultats dans le BMJ le 9 octobre dernier, a tenté de comprendre l’association entre les précipitations quotidiennes, les décès toutes causes confondues et les décès liés aux maladies cardiovasculaires et respiratoires.
34 pays étudiés
Pour ce faire, les chercheurs ont analysé les registres de mortalité et les données pluviométriques de 645 sites répartis dans 34 pays ou régions, de six continents différents. Cela représente près de 100 millions de décès toutes causes confondues, 31 millions de décès cardiovasculaires et 11 millions de décès respiratoires, entre 1980 et 2020.
Les scientifiques ont principalement étudié l’association entre les décès quotidiens et les évènements pluvieux avec des périodes de retour, c’est-à-dire l’intervalle attendu entre les évènements, d’un an, de deux ans et de cinq ans. Ils ont pris en compte les facteurs capables d’affecter cette association, notamment le type de climat local, la variabilité des précipitations, ou encore la couverture végétale.
Les chercheurs ont ainsi pu déterminer que, sur l’ensemble des sites, un jour de précipitations extrêmes avec une période de retour de 5 ans a été associé à une augmentation de 8 % des décès toutes causes confondues, de 5 % des décès dus à des maladies cardiovasculaires et de 29 % des décès dus à des maladies respiratoires, le tout sur une période de 14 jours après les précipitations en question.
En revanche, les données sont moins significatives pour les périodes de retour plus courtes. Les précipitations extrêmes avec une période de retour de 2 ans n’ont pu être liées qu’à des décès d’origine respiratoire uniquement. Les précipitations avec une période de retour d’un an n’ont eu aucun effet sur les décès d’origine cardiovasculaire ou respiratoire.
Les pluies modérées pourraient être bénéfiques
Outre les maladies, le risque de dommage est également aussi beaucoup plus élevé lors de précipitations extrêmes, ce qui peut entraîner des préjudices physiques directs dus à la destruction ou l’endommagement des infrastructures, mais aussi des conséquences plus indirectes, comme la contamination de l’eau ou encore l’exposition à des micro-organismes nocifs.
A contrario, les scientifiques ont pu constater que les pluies modérées à fortes pouvaient avoir un effet protecteur, sans doute grâce à leur capacité de réduire la pollution de l’air.
Pour conclure, les chercheurs reconnaissent avoir essentiellement analysé des sites se trouvant en Asie de l’Est, en Amérique du Nord et en Europe, et n’avoir pas pu prendre en compte certains facteurs démographiques et sociologiques (âge, sexe, habitat urbain ou rural, etc.).
Mais ils estiment que les résultats de leur étude seront utiles aux autorités sanitaires, notamment parce que les précipitations extrêmes risquent d’être encore plus fréquentes dans les années à venir du fait du changement climatique.
References
He C, Breitner-Busch S, Huber V, et al. Rainfall events and daily mortality across 645 global locations: two stage time series analysis. BMJ. 2024 Oct 9;387:e080944. doi: 10.1136/bmj-2024-080944.