L’hypertension artérielle expose à un risque élevé d’atteinte infraclinique des petits vaisseaux cérébraux (HSB). Cette dernière semble bien favoriser le déclin cognitif, les AVC et la démence, même si le lien de causalité n’est pas formellement établi. L’IRM dévoile certaines anomalies en rapport avec le retentissement cérébral de l’HTA, à type d’HSB, de microbleeds, d’infarctus ou encore d’élargissement des espaces périvasculaires.
La grande fréquence des HSB et les progrès de la neuro-imagerie n’ont pas pour autant levé les incertitudes pathogéniques. L’imagerie du tenseur de diffusion donne accès à des anomalies structurelles plus précoces de la substance blanche, à la différence de l’IRM conventionnelle qui est moins sensible, y compris dans ses séquences pondérées en T2 du type FLAIR (Fluid Attenuated Inversion Recovery).
Une Contribution de la Framingham Heart Study
L’ancienneté de l’HTA joue très probablement un rôle dans l’apparition et l’aggravation des HSB, une hypothèse soulevée par quelques études et renforcée par la Framingham Heart Study, à la lueur des données recueillies chez les descendants de la cohorte initiale et leur conjoint, recrutés en 1971. Des mesures répétées de la pression artérielle ont été réalisées, parallèlement à des IRM cérébrales avec imagerie du tenseur de diffusion et des séquences FLAIR.
Ont été inclus 1 018 participants (âge moyen 47,3±7,4 ans initial, et 73,2±7,3 aux bilans ultérieurs), répartis en trois groupes selon l’évolution de la pression artérielle au fil des ans. Quatre profils ont été définis selon l’évolutions des mesures de pression artérielle entre les bilans de mi-vie et ceux de fin de vie :
Une relation dose-effet a été explorée en évaluant divers seuils de définitions de la PA pour l'hypertension, notamment PAS ≥ 130 mm Hg avec PAD ≥ 80 mm Hg, PAS ≥ 140 mm Hg avec PAD ≥ 90 mm Hg, et PAS ≥ 150 mm Hg avec PAD ≥ 90 mm Hg. Les données ont été traitées au moyen d’analyses multivariées par régression logistique.
Hypertension de longue date : altérations précoces de la substance blanche
La comparaison intergroupe a révélé que les altérations de la substance blanche tant précoces que tardives étaient significativement plus marquées et plus étendues dans les deux derniers groupes (versus les NN), même pour des valeurs de PA systolique/diastolique de l’ordre de 140/90 mm Hg, voire de 130/80 mm Hg. Cela vaut pour certes pour l’augmentation de la diffusion de l’eau libre ou de l’anisotropie fractionnelle en tant qu’anomalies précoces, mais aussi, à un moindre degré, pour le volume des HSB en tant que marqueur de lésions plus tardives.
Cette étude de cohorte prospective qui porte sur plus de mille participants attire l’attention sur le rôle délétère de l’HTA sur le cerveau, notamment au travers d’altérations précoces de la substance blanche qui ne sont accessibles qu’à l’imagerie du tenseur de diffusion.
Ces dernières semblent annoncer la formation ultérieure des HSB qui sont d’autant plus présents que l’élévation de la PAS/PAD est ancienne, même à des niveaux auparavant jugés comme peu préoccupants, en l’occurrence 140/80, voire 130/80 mm Hg, ce qui reste à confirmer, l’imagerie du tenseur de diffusion qui est plus parlante que l’IRM conventionnelle dans cette étude étant peut-être trop sensible…
References
Petrea RE, Pinheiro A, Demissie S, et al. Hypertension Trends and White Matter Brain Injury in the Offspring Framingham Heart Study Cohort. Hypertension. 2024 Jan;81(1):87-95. doi: 10.1161/HYPERTENSIONAHA.123.21264.