Paris — Ancien athlète paralympique, Michaël Jérémiasz s’est dit « en colère » contre le gouvernement de Michel Barnier, qui ne comporte aucun ministre spécifiquement dédié aux personnes handicapées.
« La pilule ne passe pas », s’est emporté Michaël Jérémiasz, quadruple médaillé paralympique de tennis en fauteuil et récent chef de mission pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. C’est sur son compte X (anciennement Twitter) qu’il a publié un texte où il fait la critique de ce nouveau gouvernement Barnier.
Invisibilisation
« Pas de ministère, pas de secrétariat en charge de, le mot Handicap a disparu des plus hautes sphères de l’État », a constaté, avec colère, l’ancien champion de tennis en fauteuil, aujourd’hui âgé de 42 ans.
Auprès de nos confrères du Parisien, à qui il a donné une interview cette semaine, Michaël Jérémiasz estime qu’il ne voit pas « comment on peut faire » sans une « personne identifiée, dont c’est la priorité absolue de rendre la société accessible pour permettre que les personnes handicapées soient des citoyens de plein droit ». « C’est une forme d’invisibilisation de cette grande minorité. Donc, je ne le comprends pas, je ne l’accepte pas », ajoute-t-il avec amertume.
Une colère et une amertume qui se comprennent quand on connaît le parcours et les combats de cet athlète paralympique. Vainqueur de sept tournois du Grand chelem en double messieurs, il est aussi champion olympique en double en 2008, à Pékin.
En dehors des cours, il a toujours été très engagé dans la défense des droits des personnes en situation du handicap et du parasport. En plus d’avoir été membre de la commission des athlètes de Paris 2024, il est aussi président et co-fondateur d’une association visant à accompagner les personnes en situation de handicap, notamment à travers le sport.
Mais aujourd’hui, Michaël Jérémiasz constate que les « Jeux paralympiques sont terminés » et qu’on « n’a même pas attendu la fin du mois de septembre pour trahir tout ce pour quoi nous avons bossé durement pendant des années ».
Le gouvernement doit faire une « annonce forte »
Autant dire que la confiance semble rompue entre les associations et les pouvoirs publics. « S’il n’y a pas une annonce forte dans les jours qui viennent de la part du gouvernement sur cette question précise, on va continuer à mener le combat en partenariat avec toutes les parties prenantes et toutes celles qui ont envie de faire bouger les choses », explique ainsi l’athlète paralympique.
« On mènera des manifestations, des protestations, parce qu’on n’est plus dans la demande, on est dans l’exigence », ajoute-t-il. Apparemment conscient de cette colère, Matignon a assuré qu’un ministère délégué aux personnes handicapées serait bientôt nommé.
Michaël Jérémiasz rappelle d’ailleurs l’une des exigences portées depuis plusieurs années par un certain nombre de personnes en situation de handicap et des associations : le remboursement intégral des fauteuils roulants. Une mesure qui avait été annoncée initialement par Emmanuel Macron puis, après près d’une année d’hésitation gouvernementale, avait été officiellement par confirmée par l’ancienne ministre déléguée aux Personnes handicapées, Fadila Khattabi, le 11 avril dernier. Reste à savoir si le nouveau gouvernement entérinera ou non cette décision…