Le régime cétogène, riche en graisses et pauvre en glucides, est reconnu pour son efficacité antiépileptique. Moins connus sont ses effets neuroprotecteurs, modificateurs de la maladie en particulier à la phase pré-épileptogène, ainsi que son influence sur les comorbidités associées à l'épilepsie. Les études précliniques révèlent ces avantages méconnus.
Effets neuroprotecteurs, anti-épileptogènes et modificateurs de la maladie
La neuroprotection consiste à atténuer ou prévenir les lésions ou la mort cellulaires et à préserver la fonction neuronale. Le régime cétogène protège les régions de l’hippocampe dans des modèles d’état de mal épileptique ou dans des modèles génétiques de crises récurrentes spontanées.
Il agit également sur la mitochondrie par divers mécanismes : réduction de la formation d'espèces réactives, protection des protéines, membranes et séquences nucléotidiques, restauration de la génération d'ATP et activation de facteurs de transcription favorisant la neuroprotection par la régulation de signaux pro-mitochondriaux, antioxydants et anti-inflammatoires.
Un traitement est considéré comme anti-épileptogène s'il retarde ou prévient le développement des crises récurrentes spontanées ou s’il réduit la gravité de l'épilepsie qui en résulte. En limitant le développement des crises et en diminuant leur fréquence, le régime cétogène peut être qualifié d’anti-épileptogène.
Un traitement est dit « modificateur de la maladie » s'il cible les mécanismes de développement de la maladie et que, même après l'arrêt du traitement, les symptômes disparaissent ou réapparaissent plus lentement. Différentes études précliniques ont démontré que le régime cétogène ralentit la progression de la maladie, retarde le décès et que ses effets persistent plusieurs mois après l'arrêt du régime, le classant ainsi comme un traitement modificateur de la maladie.
Impact sur les comorbidités
Troubles du sommeil : Le régime cétogène améliore le sommeil dans l'épilepsie, notamment en rétablissant l'architecture normale du sommeil. Le manque de sommeil étant associé à une mortalité précoce, le régime cétogène a augmenté la survie en améliorant le sommeil dans des modèles précliniques.
Déficits cognitifs : Bien que le régime cétogène améliore les processus cognitifs, il n’est pas possible d’établir si ces bénéfices sont directement liés au régime ou s’ils sont liés à la réduction des crises et/ou à l'atténuation de la neuropathologie. Le régime cétogène a également montré des bénéfices sur la potentialisation à long terme de l’hippocampe (corrélat physiologique de la mémoire), l'apprentissage et la mémoire dans des modèles précliniques de sclérose en plaques, de maladie d'Alzheimer et de dysfonctionnement cognitif induit par la privation de sommeil.
Dépression et anxiété : Une seule étude a examiné l'impact du régime cétogène sur la dépression et l'anxiété dans un modèle d'épilepsie. Cependant, des études ont montré des effets antidépressifs et anxiolytiques du régime dans des modèles précliniques de stress, de traumatismes crâniens et de syndrome de Rett.
Autisme : Le régime cétogène a amélioré la sociabilité, la communication sociale et les comportements répétitifs dans différents modèles d'autisme avec épilepsie.
Au-delà de l’effet antiépileptique
Ainsi, les études précliniques soutiennent l'idée que le régime cétogène peut exercer des effets neuroprotecteurs, anticonvulsivants, anti-épileptogènes et modificateurs de la maladie. Ses effets sur les troubles du sommeil, les déficits cognitifs, la dépression, l'anxiété et l'autisme sont également prometteurs.
References
Simeone T, Simeone K. The Unconventional Effects of the Ketogenic Diet (KD) in Preclinical Epilepsy. Epilepsy Currents. 2024;24(2):117-122. doi:10.1177/15357597231216916