Le terme « régime cétogène » désigne une grande variété de régimes aux indications diverses, allant de l'obésité aux maladies neurologiques, comme s'il s'agissait d'un seul et même régime.
Une nomenclature propice à la confusion
La terminologie est parfois utilisée pour caractériser des régimes qui n'induisent pas du tout de cétose, ce qui a tout lieu d’interroger dans la mesure où le terme « cétogène » signifie production et maintien de corps cétoniques en circulation. De plus, la « cétose » semble faire partie du mécanisme d'action recherché quelle que soit l’indication du régime cétogène.
C’est vrai pour l’épilepsie mais aussi pour la maladie orpheline qu’est le syndrome de déficit en transporteur du glucose de type 1 (GLUT1-DS) où les corps cétoniques vont constituer un substrat métabolique alternatif pour le cerveau. La cétose se traduit par la présence de corps cétoniques dans le sang (bêta-hydroxybutyrate), les urines (acéto-acétate) ou le gaz alvéolaire expiré (acétone). Il existe donc bel et bien un état métabolique de cétose clairement mesurable
En revanche, tel n’est pas l’objectif dans le cas de l’obésité où le rôle de la cétose est beaucoup moins clair, le régime étant plutôt orienté vers une réduction plus ou moins marquée de la sensation de faim. L’état métabolique de cétose n’est pas une fin en soi, mais une conséquence facultative de la réduction de l’apport calorique et d’un régime volontairement déséquilibré, le plus souvent au large détriment des hydrates de carbone.
Vers une terminologie plus adaptée
Le premier consensus de l’International Study Group on Ketogenic Diet for epilepsy se voulait clair, puisque selon ses termes, le régime cétogène désigne une option thérapeutique non pharmacologique destinée au traitement de l’épilepsie pharmacorésistante de l’enfant. Ce régime combine un apport élevé en graisses et un apport faible en hydrates de carbone (avec des rapports bien définis en grammes de graisses/grammes de protéines + hydrates de carbone), le contenu calorique se situant dans l’intervalle de normalité pour l’âge.
Par la suite, une certaine confusion a été entretenue par une terminologie propre aux recommandations actualisées avec l’introduction des « thérapies diététiques cétogènes » désignant divers protocoles standardisés indiqués dans l’épilepsie ou d’autres affections neurologiques. Dans tous les cas, la perte de poids fait partie des effets indésirables qu’il convient d’éviter au travers d’un apport calorique suffisant afin d’assurer une croissance optimale chez l’enfant notamment sur le long terme.
Tel n’est pas le cas dans l’obésité ou certaines maladies endocriniennes où le régime cétogène est conçu pour induire une perte de poids au prix d’un risque de cétose induit par une restriction calorique. Les régimes utilisés s’inspirent du régime Atkins en plusieurs phases avec une réduction drastique initiale de l’apport en hydrates de carbone et des apports variables en graisses, l’induction d’une cétose étant de facto facultative.
Il s’agit donc de « régimes cétogènes pauvres ou très pauvres en hydrates de carbone », des termes qui permettent de lever toute confusion et de les distinguer des régimes destinés au traitement de l’épilepsie pharmacorésistante de l’enfant ou d’autres maladies neurologiques.
References
Tagliabue A, Armeno M, Berk KA, et al. Ketogenic diet for epilepsy and obesity: Is it the same? Nutr Metab Cardiovasc Dis. 2024 Mar;34(3):581-589. doi: 10.1016/j.numecd.2024.01.014.