Cambridge, Massachusetts – Comme chaque année, l’Académie Ig Nobel a remis début septembre ses prix « qui font d'abord rire les gens, puis qui les font réfléchir ». La 34e édition de ces Nobels humoristiques a été l’occasion d'une cérémonie haute en couleurs au prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology) à Cambridge, Massachusetts. Organisée par le magazine Annals of Improbable Research, la cérémonie a accueilli de vrais Prix Nobel et a présenté des conférences « 24/7 » où les experts devaient expliquer leurs recherches en 24 seconds chronos puis en 7 mots, le tout ponctué de lancers d’avions en papier.
Insuffisant respiratoire ? Et si vous respiriez par l’anus
Le prix Ig-Nobel de physiologie a été attribué à une équipe de chercheurs japonais dirigée par Ryo Okabe. Leur découverte surprenante révèle que certains mammifères, comme les souris, les rats et les porcs, peuvent respirer par l’anus grâce à un système de ventilation intrarectale nommé EVA (Enteral Ventilation via Anus). « Ce procédé améliore la survie et les niveaux d'oxygène dans des modèles précliniques de défaillance respiratoire, ouvrant la possibilité d'utiliser l'intestin comme organe respiratoire dans les soins intensifs lorsque la ventilation mécanique est insuffisante », explique la prestigieuse revue Cell.
Les boucles tournent-elles dans l’autre sens aux antipodes ?
En anatomie, la France partage la vedette avec le Chili grâce aux recherches de Marjolaine Willems et Roman Hossein Khonsari de l’hôpital universitaire de Montpellier et de l’APHP. Leur étude, publiée dans ScienceDirect, examine si la direction des boucles des cheveux diffère entre l’hémisphère nord et sud. « Chez la plupart des gens, les spirales capillaires se forment dans le sens des aiguilles d’une montre, mais davantage dans le sens inverse dans l’hémisphère sud », détaille l'équipe. Roman Khonsari a partagé son enthousiasme avec The Guardian : « J’étais en train d’opérer lorsque j’ai reçu l’appel. (…) J’étais extrêmement heureux car, malgré le manque indéniable de pertinence de cette étude, je suis convaincu que le décryptage des formes dans la nature peut conduire à des découvertes importantes sur les mécanismes fondamentaux du développement. Les formes sont porteuses d’une quantité intéressante d’informations. »
Placebo : plus ça fait mal plus ça marche !
Le prix de médecine revient à Lieven A. Schenk et son équipe pour leur étude sur les placebos douloureux. Publiée dans Brain, leur recherche montre que lorsqu'un placebo est perçu comme douloureux, par exemple sous forme de piqûre, il peut avoir un effet thérapeutique plus puissant. « L'expérience de la douleur semble renforcer l’efficacité psychologique du placebo, offrant des pistes pour mieux comprendre la relation entre douleur et guérison », expliquent les chercheurs.
Les vrais prix Nobel, eux, seront remis début octobre.