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Un vaccin à ARNm, ça ne trompe pas énormément

Paris — Tout a été dit ou presque sur l’extraordinaire progrès que représentent les vaccins à ARNm. Cependant, une expérience singulière, survenue cet été à Houston, montre que les hommes pourraient bien ne pas être les seuls animaux à en profiter.

L’herpès est une maladie malheureusement trop courante chez les éléphants d’Asie, et elle est aussi particulièrement dangereuse : elle est plus connue par les vétérinaires sous le nom d’herpèsvirose endothéliotrope de l’éléphant (EEHV). Tess, une éléphante d’Asie âgée de 40 ans, qui vit en captivité au zoo de Houston, a été la première au monde à être vaccinée contre cette maladie grâce à la technologie des vaccins à ARNm.

Un virus mortel découvert en 1990

« Lorsque les éléphants naissent, ils ont une énorme quantité d’anticorps qu’ils reçoivent de leur mère », explique le Dr Paul Ling, qui mène des recherches sur l’herpès chez l’homme au Baylor College of Medicine de Houston, et qui a également mis au point le vaccin à ARNm destiné aux éléphants. « Lorsque la femelle éléphant met bas, elle a probablement déjà été infectée par le virus et elle transmet donc à son bébé des anticorps protecteurs qui ne durent qu’un certain temps. Notre vaccin est conçu pour donner à ces jeunes éléphants suffisamment d’immunité qu’ils ont perdue au fil du temps ».

Tess est donc le tout premier pachyderme à pouvoir profiter de ce vaccin potentiellement révolutionnaire, et non très éloigné des vaccins à ARNm contre la Covid-19 utilisés chez l’être humain récemment.

L’EEHV est un virus potentiellement mortel chez les éléphants, qui provoque des symptômes assez similaires à Ebola chez les humains. Il a été isolé pour la première fois en 1990 et a été décrit scientifiquement en 1999. C’est d’ailleurs la principale cause de décès des éléphants d’Asie en captivité. Les scientifiques estiment qu’il est principalement transmis par la trompe.

Le vaccin à ARNm, seul espoir pour guérir les éléphants

Deux éléphants sont décédés victimes de ce virus en juillet dernier au zoo de Dublin et les zoos de Chester, de Melbourne et de Zurich ont aussi été touchés. Le taux de mortalité s’élève à 70 % chez les éléphants symptomatiques. 

D’autres éléphants devraient être vaccinés au zoo de Houston dans le courant de l’année, mais les chercheurs surveillent tout de même l’état de santé de Tess, notamment les éventuels effets secondaires. 

En outre, l’efficacité du vaccin n’a pas encore été totalement démontrée (on remarquera que les précautions avant expérimentation sont sans doute moindres en ce qui concerne les pachydermes par rapport aux humains). « Bien que la communauté mondiale ait fait des progrès considérables dans la recherche d’un vaccin viable, il faudra encore du temps et du travail avant d’obtenir la réponse que nous cherchons tous désespérément, à savoir la confirmation scientifique que le vaccin est efficace pour prévenir l’EEHV », souligne le Dr Ling.

Un porte-parole du zoo de Chester confirme que la vaccination semble être la seule solution viable pour vaincre cette maladie. « La seule solution à long terme pour vaincre le virus de l’herpès de l’éléphant est de trouver un vaccin sûr et efficace, ce qui sera très probablement possible grâce à la recherche menée par les zoos », a-t-il déclaré en juillet dernier.

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