Paris – Le nombre de découvertes de contamination par le VIH et de tests positifs aux IST bactériennes est en hausse en 2023. Une évolution en apparence défavorable mais essentiellement due au renforcement du dépistage estime Santé Publique France.
C’est une bonne nouvelle qui a l’apparence d’une mauvaise. En 2023, ce sont un peu moins de 5 500 personnes qui ont découvert leur séropositivité au VIH en France, soit 20 % de plus qu’en 2021. Mais pour Santé Publique France (SPF), qui a publié vendredi dernier les dernières données sur les infections au VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes en 2023, cette hausse du nombre de séropositifs s’explique avant tout par le renforcement du dépistage. Ce sont en effet 7,5 millions de sérologie VIH qui ont été réalisés en 2023, soit 25 % de plus qu’en 2021.
L’effondrement du nombre de tests durant les deux premières années de l’épidémie de Covid a ainsi été largement compensé et le nombre de tests annuels est désormais bien supérieur à ce qu’il était avant la pandémie. SPF y voit la conséquence de la mise en place du dispositif « VIHTest », créé en janvier 2022, qui permet de se faire dépister gratuitement, sans ordonnance et sans rendez-vous.
Les infections à VIH en forte baisse chez les hommes homosexuels
Sur le plus long terme, le nombre de découvertes de séropositivité a diminué de 10 % depuis 2012 malgré le renforcement du dépistage, signe que le VIH recule en France. La baisse la plus nette est observée chez les hommes homosexuels nés en France (- 36 % entre 2012 et 2023), qui ont longtemps été de loin la communauté la plus touchée par le virus. SPF attribue cette baisse à un recours plus fréquent au dépistage (qui permet une mise sous traitement plus rapide des séropositifs) et à la démocratisation de la PrEP dans cette « communauté ».
En revanche, les découvertes de séropositivité augmentent depuis 2021 chez les immigrés, que ce soit chez les hommes homosexuels (+ 36 %) ou les femmes hétérosexuelles (+ 33 %).
A partir de ces chiffres, SPF estime à environ 3 650 le nombre de contaminations au VIH en France en 2023 (et à deux ans le délai médian entre la contamination et le diagnostic) soit un taux d’incidence de 5,3 pour 100 000 habitants. En 2023, 43 % des infections au VIH ont été découvertes à un stade tardif, un taux en baisse depuis 2020. Enfin, moins de 1 000 cas de SIDA ont été recensés l’année dernière en France.
Concernant les IST bactériennes, la tendance est également à la hausse du nombre de tests positifs. On a ainsi recensé, selon les estimations de SPF, 55 500 nouveaux cas d’infections à chlamydia (+ 10 % depuis 2021), 23 000 cas d’infections à gonocoque (+ 55 %) et 5 800 cas de syphilis (+ 20 %). Le taux d’incidence des IST bactériennes a notamment augmenté dans les deux sexes chez les plus de 50 ans.
Mais les personnes les plus touchés restent les hommes homosexuels concernant la syphilis et les infections à gonocoque (avec un taux d’incidence six à huit fois supérieur que chez les hétérosexuels) et les femmes âgées de 15 à 25 ans pour les infections à chlamydia.
IST bactériennes : test gratuit pour les moins de 26 ans
Contrairement à ce qu’il en est pour le VIH, SPF estime que cette augmentation du taux d’incidence n’est due qu’en partie à un renforcement du dépistage mais également à une réelle augmentation du nombre d’infections. La hausse des IST, qui concerne toute l’Europe, pourrait notamment s’expliquer par une baisse du recours au préservatif : selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), seulement 61 % des adolescents européens ont eu recours à un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel en 2022, contre 70 % en 2014.
Concernant le dépistage, ce sont 3 millions de tests pour une infection à chlamydia ont été réalisés en 2023, 3,3 millions de tests pour une infection à gonocoque et 3,3 millions de tests pour la syphilis. Entre 2021 et 2023, le nombre de tests a augmenté de 27 % pour chlamydia, 20 % pour le gonocoque et de 14 % pour la syphilis.
SPF espère que cette hausse de l’activité de dépistage va encore s’accentuer dans les années à venir. Rappelons que depuis septembre dernier, il est possible de demander un dépistage des IST bactériennes en laboratoire sans rendez-vous et sans ordonnance et le dépistage est pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie pour les jeunes de moins de 26 ans.